mercredi 11 juin 2008

quart dans la nuit d'agnès gueuret

L’immensité des eaux l’immensité des cieux conversent l’une et l’autre à la clarté lunaire sous le regard du timonier qui tient la barre en connaisseur des vents et des courants marins. Est-ce en un livre étudié lu qu’il a compris par quel sentier au cœur des mers on peut passer sans se tromper d’orientation sans redouter de se perdre jamais sous les constellations?

Elle n’est ni marin ni mathématicien Sur aucun bâtiment jamais ne navigua Chez un ami un jour elle aperçut un livre intitulé «Se diriger en mer» avec auprès de lui d’autres titres semblables Chez son libraire aussi des ouvrages traitaient le même thème là encore innombrables Soudainement pourquoi son cœur s’est-il serré?

La mer immense et bleue se reflète en ses rêves sur la falaise blanche amarrée au soleil plantée qu’elle est sur une plage aux galets ronds La mer qui l’habite et la hante où donc l’a-t-elle appris? Dans un livre écrit d’encre où lettres et calculs retiennent l’attention guidant l’apprentissage?

Sous les constellations la barre entre les mains le timonier entend la proue fendre les eaux Le vent draine vers lui le goût iodé du souffle qui gonfle la voilure en l’imprégnant de sel Comme au sein du désert le silence et le puits jusqu’au déclin du jour poursuivent le nomade l’immensité des eaux l’immensité des cieux conversent l’une et l’autre au plus profond de lui signe laissant entendre voir où gît la connaissance

Les rayons diffusés par la lampe ce soir éclairent le feuillet où elle écrit laissant dans l’ombre l’ailleurs du monde Comme l’abeille va choisissant chaque fleur à son pollen à sa couleur à son parfum elle avait dû choisir aussi ses chemins de lecture laissant dans l’ombre ici et là tel sol fertile tel sentier de la mer telle piste de sable D’où lui vient la douleur de tant d’inconnaissance? D’où lui vient la douceur d’être en un lieu plantée et d’avoir pu au cœur des vents faire son miel?

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