Noli me tangere
Car sans ces éloignements, les âmes n’apprendraient jamais à s’approcher de Dieu.
Jean de la Croix
Qui fait place au monde dans l’échancrure de sa lumière
le désert des nuits laissant trace
d’une présence renoncée ?
Au commencement
la lumière se retire, pour dévoiler un espace enfin nu et disponible,
pour que toute volonté entre au-dedans d’elle-même.
C’est ainsi que les oiseaux s’ouvrent aux étangs
c’est ainsi que chacun se choisit d’instant en instant.
Je suis celui mobile et tremblant immobile dans le temps.
Je suis celui qui trouve et ne trouve plus un amour.
Je cherchais quelqu’un – là-bas – mais où ?
Quelqu’un passant
par-dessus l’ombre du temps
Quelqu’un pour qui
le rêve est une seconde vie
Qui ne dit jamais que oui dans l’éclat de la présence
Un oubli de ma propre obscurité est-il maintenu
quelque part
dans un autre royaume ?
Je cherchais un centre où aller, d’où revenir…
un espace complet pour rêver et m’inventer.
La voix s’est égarée en chemin.
Dans le parfum qui sépare
(tout ce qui s’accomplit est-il fait
pour l’oubli ?)
J’ai peur
de l’abandon
et de ma perte
Touchant l’étoffe qui sépare
- je ne veux plus que la mémoire humaine passe en moi -
dans l’humide des pourrissements
dans la vengeance du ressentiment
Je suis grand et souffrant comme le siècle auquel j’appartiens
suis-je idole de la caverne,
idiot et faible me vantant de mon idiotie et de ma faiblesse ?
J’ai des amours pour que la vérité ne me fasse pas périr.
Je suis là
dans l’échec et la question
dans la beauté qui ne fait pas question
m’offrant sans me dérober
m’avouant sans me désavouer
dans l’attente que rien d’attendu ne détruit encore
Voyageur qui pense en marchant
parle dans un saisissement qui le dessaisit
Le premier cri – la buée des lèvres – le dernier souffle
la lumière et son attente
l’inexistence
le détour
le retrait
le silence
Je voisine par un abîme – je le sais – indistinct
cherchant ce que je sais déjà
La splendeur du sang
rêve d’une fin joyeuse
au commencement des mondes
La chevelure de l’aube maudit
le désir des mères
Qui demeure seul, dans cet abîme,
ne voyant ni fond ni rive ?
Quelqu’un passe l’éponge sur le tableau
un papillon se peint les ailes
une voix inonde mon oreille
Rien qu’une scène vide
un cœur qui bat lui-même
du battement du dehors
La pensée se pose la question du commencement
de l’oubli livré à l’oubli
mais si je deviens ce que je vois
ne suis-je pas en toute chose, éternellement ?
Regard
sauvegarde
méthode sans méthode
Je m’arrange ici-bas
dans le jour et l’heure
parmi les herbes et les fleurs
Avec cette outre d’excréments
comme là-haut
yeux fixés au-dessus du ciel
Le cœur consumant
l’amour incendiant
le manteau bleu livré aux fauves
le cou de Flore d’où jaillissent des lys
Une voix me réveille
je lui reste fidèle dans le départ
« on ne va pas à l’amour sans arrachement et sans perte »
Qui parle d’abandon ?
l’abondance sur la ville fait mes délices
les livres par milliers m’avalent dans le clair-obscur
Je reste ici et j’attends
que tu ouvres la porte et la pousses
Qu’une parole m’atteigne
et je renais à la parole
La touche et son retrait
la levée qui disparaît en se levant
Il est temps
que chacun vienne et parte
chante et vise
le front des idoles
Pour refaire ce qui a été défait
dans le don
l’abandon du cœur
« Quitte ton pays et la maison de ton père pour le pays que je t’indiquerai »
On s’en va sans savoir
espérant contre toute espérance
mais en sachant
qu’une voix quand elle chante
chante toujours son amour et sa perte
touche un instant le ciel
touche un instant l’abîme
(Entend qui a des oreilles)
Surgissement / évanouissement
A toi de comprendre
à toi d’entendre
Me voici je suis là
je suis toujours là pour toi
Si c’est toi que j’appelle
je n’appelle personne d’autre que toi
Je suis là et je m’en vais
m’effaçant dans la lumière d’un jardin
l’obscurité d’un tombeau
Me voici
ici
mais pas ici même
ailleurs
en partance
mais ici
avec moi-même
sans être le même
Tu vas me croire
si tu m’entends
si tu entends ma voix qui dit ton nom
le nom que j’ai choisi pour toi
son infinie levée
sa présence et son écart
(Marie-Madeleine)
Aucune amarre jamais plus
ne te retiendra au rivage
Tu ne tiens rien tu ne peux
rien tenir
ni retenir
voilà ce qu’il te faut aimer
et savoir
Voilà ce qu’il en est
d’un savoir d’amour
exerce toi à perdre
ce que tu étreins
Perds ce que tu aimes
aime ce qui t’échappe
aime celui qui s’en va
aime qu’il s’en aille
Fais-moi entendre mon nom et fuis, mon amour mon parfum,
je tuerai la mort en te retrouvant.
J’ai
Je sais
Je désire
J’aime encore beaucoup
l’amour
et ces voiles blanches
sous un ciel affolé par l’orage
dimanche 20 avril 2008
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