vendredi 29 mai 2009

parution



les éditions le corridor bleu vous présentent leur nouvelle parution


Christophe Petchanatz & Ivar Ch'Vavar

HON, L’ÊTRE
poème en dix-huit chants


Hon, c'est l'homme dévalé, au sens heideggerien (le « on »), mais il mONte, en descendant. Il trouve dans l'abjection la voie de sa grandeur.
Hon, c'est la honte. Mais c'est l'être qui part de là.
Hon, c'est le M. Ouine de Bernanos mais avec encore assez de ressort pour rebondir en tout lieu et en tout temps.
Raclure de l'être, à s'y vautrer, il n'en ranime pas moins l'étincelle.
Hon rencontre ses doubles et ses contraires — et quelques femmes : Eva Braun, Alice, ma sœur et sa copine… Il va par des paysages fermés qui s'ouvrent en se déchirant. — Sur le fil de l'horizon le porte son dernier dandinement.
Tout scrotum et rectum, Hon, il sent le pal. Le pal cosmique. Il est mis. Mis, il est. C'est la condition humaine, même. « Jeté là », dit r'Heidegger, — mis là : car c'est ça.
Féminité de l'homme, Hon, qui ressent peut-être plus profondément encore que la femme ce que c'est, d'être forcé. Et fécondé.
Aussi viril soit-il, l'homme prend toujours son plein (de sens) par le derrière. Homme mis. Heidegger (ter) dirait : approprié.
Ce poème — roman, confession ? — est une expérience d'écriture extrême. Qui s'est poursuivie en « feuilleton » du n°21 au 39 de la revue Le Jardin ouvrier, par un échange — parfois conflictuel — entre Jean-Hubert B. (Christophe Petchanatz) et Agénor Mononcle (Ivar Ch'Vavar).


Ivar Ch’vavar est né en 1951 à Berck. Depuis les années 1970, il a animé d’innombrables revues de poésie plus ou moins clandestines dont la moins méconnue reste L’Invention de la Picardie. Inlassable défenseur de la culture picarde et des littératures marginales, il a publié récemment une importante anthologie Le Jardin ouvrier (Flammarion, 2008).


Christophe Petchanatz est né à Lille en 1959. Musicien, il est l’unique membre de Klimperei. Écrivain, il a publié une trentaine d’ouvrages. Parmi ses dernières publications :
Plomb (Raphaël de Surtis, 1997), Les Alfreds (Jean-Pierre Huguet éditeur, 2007).


Ouvrage publié avec le concours du Centre national du livre.
ISBN : 2-978-2-914033-26-8
104 p. / 15 x 18,5 cm. / 11 €

acheter le livre par correspondance
13 € (port compris) à l'ordre du corridor bleu 185, rue gaulthier de rumilly 80000 amiens
ou par internet sur le site du corridor bleu à partir du 5/06/09

samedi 23 mai 2009

merci martine

le second royaume de dieu de callixte longpas (feuilleton)

4. la forêt

la canopée de barbelés et d’acier découpé
au gré des bombes
les pieds de bois et de fer étendent leurs bras
sombres dans notre peur
une file d’hommes s’enfonce au cœur du Royaume
des volées d’oiseaux carnivores glapissent entre les pierres
il ne faut pas s’arrêter
peut-être verrons-nous des minous
les seuls animaux rescapés du Royaume déchu
qui ressemblent fort à des humains à l’échelle ½
et qui passent leur temps à se renifler le cul
à copuler et à se battre

jil lâche parfois une flèche vers le ciel
ou un oiseau je ne sais pas
- économise tes munitions frérot
- fais pas chier

le medecine-man souvent se baisse pour goûter
la terre, renifler l’urine des bêtes, leur merde tiède
nous fait fumer des plantes puissantes
« pour que votre âme reste dans les parages »
tout est plus noir
les arbres noueux, la boue, les ruines recouvertes de mousse
et de champignons mortifères, des insectes luisants
filent à vive allure
j’ai envie plus que tout de sexe immédiat
j’en transpire avec le chant strident des toucans
le grésillement des crapauds, je n’en peux plus
chaque soir
« nous voilà dans le saint des saints du Royaume déchu
méfiez-vous de votre propre ombre
les chauve-souris voleuses d’âmes ne vous
rateront pas, droguez-vous souvent, beaucoup
enfoncez-vous dans les fantasmes et les songes
mais jamais, ô grand jamais, vous ne tenterez
de les affronter seuls et conscients ! »

l’humidité et la chaleur augmentent
nous dormons dans d’anciens abribus
abris atomiques, pavillons défoncés et oubliés
sous les racines et les cloportes
je vois de plus en plus de chattes
de culs, de chutes de reins, de coïts
de seins, de bouches, de gorges, de cous
de nuques, de dos, de seins, de chattes
de coïts, de bouches, de gorges, de seins,
de chattes, je les veux de plus en plus
cela est si fort, si bon, ce que je veux, ce que je vois
la chatte noire de la forêt je la désire
oui

mercredi 20 mai 2009

seigneur ayez pitié


le second royaume de dieu de callixte longpas (feuilleton)

3. le choix des armes

pourquoi suis-je parti ? pourquoi ai-je tout brûlé ?
pourquoi mes compagnons ? pourquoi mon frère ?
j’avais si peu à perdre, les larmes, les cendres, c’est peanuts
et la beauté des bivouacs, l’angoisse métaphysique, peanuts aussi !
je sais qu’il est quelque part caché dans le Royaume
le sceptre de puissance
je le sais et nous le voulons
mon frère, que sait-il de la puissance, qu’en ferait-il ?
il a suffisamment raillé les ancêtres

la marche est dure, les pieds gonflent
la tête fait mal et les yeux sont veinés de sang
sous le soleil blanc qui chauffe la pierre
du massif saint, trois fois saint je le sais
des ruines commencent à apparaître
béton, métal, acier, verre, tags, puanteur
le medecine-man s’agenouille pour humer le sol
- compagnons ! nous voilà au cœur du Royaume
déchu, des hommes l’ont bâti
des hommes l’ont détruit
nous explorons ses ruines à la recherche
du pouvoir et du savoir mais craignez
dorénavant plus que tout la nuit
- et pourquoi medecine-man craindre la nuit ?
- la nuit du Royaume déchu saura fabriquer
des rêves tels que tu préfèreras te dépecer vivant
crains tes rêves, crains la nuit, respecte
scrupuleusement les lieux sacrés du Royaume déchu
il en va de notre survie

jil semble ailleurs, le regard vers les étoiles, à dessiner
des vaisseaux qui sombrent dans le noir absolu
il me prend à part
- tu y crois à ces conneries ?
jil, ne blasphème pas,
tu t’écrases, tu te prosternes
ça ne peut pas te faire de mal, force-toi, ça viendra

je ne dis pas que j’ai craint de m’endormir ce soir-là
peut-être ai-je dégluti moins facilement que d’habitude

je me réveille heureux de sortir d’une nuit de néant
les autres ne disent rien
le café fumant embrase nos neurones
nous mangeons quelques gâteaux de maïs
levons le camp et partons à l’assaut des ruines
du Royaume déchu

au zénith du soleil nous nous reposons dans l’ombre
d’un building détruit
jil astique son arme
- frérot, elle est belle ton arme
- oui, j’ai sculpté moi-même la crosse
et chaque flèche porte ma marque
pour que l’ennemi sache qui l’envoie dans la vraie vie
- je suis fier de toi frérot
- demain nous traverserons la forêt du Royaume
tiens-toi prêt
- je suis toujours prêt

lundi 11 mai 2009

le second royaume de dieu de callixte longpas (feuilleton)

2. jil est mon frère

moi et quelques compagnons commençons l’ascension
de l’eau car la chaleur brûle nos vies
des couvertures car les nuits sont fraîches
un medecine-man car les pièges sont multiples

les cailloux roulent sous nos pas
la poussière pose son voile dégueulasse sur la
plèvre de nos poumons roses

j’essaie d’accompagner l’élan de mes muscles
tendus vers le haut et la douleur
suivre le battement cardiaque qui s’accélère
oui je serai plus puissant demain
plus agile, plus rusé, plus humble, plus grand
ce qui m’aide surtout à monter
c’est d’imaginer des petites *** que je bouffe
des *** que je caresse, tords dans mes mains
des *** que je maltraite
oui ça m’aide bien et parfois ça me
fait trébucher les compagnons rigolent

nous bivouaquons d’un coq grillé
d’une bouteille de vin trop jeune
et les étoiles glacent nos échines fourbues
quand nous nous endormons

mon frère, jil, est à mes côtés, plongé
dans la lecture des astres
- tu perds ton temps à voir des monstres là où
il n’y a que hasard et contingence
- tais-toi mon frère, ne perturbe pas
la danse des étoiles
si les constellations sont dans mon esprit ?
et alors ? elles dansent dans des millions
d’esprit depuis l’aube des temps, je les aime
- tu as peut-être raison
- oui j’ai raison youri

bonne nuit
bonne nuit
en dépit des remords et des regrets que nous
n’avons pu brûler avec nos maisons et nos proches
la nuit sera belle
mais l’on dit que ceux qui s’aventurent dans le Royaume
élaborent des rêves dont on ne se remet pas intégralement
douce nuit
douce nuit

la lune est pleine
les rapaces fondent sur les petits rongeurs
la pierre est froide, la fournaise est un souvenir
le medecine-man, les yeux révulsés, appelle les esprits
nous sombrons dans les rêves du Royaume

jeudi 7 mai 2009

le second royaume de dieu de callixte longpas (feuilleton)

1. qui je suis

avec le soleil tu lèveras la tête et verras
le grand massif de plus de 90000 hectares
se dresser sur la plaine désertique sans fin
c’est là que se joue ta vie
va au creux de ce monde
ton Royaume est là-bas
au détour d’une source, dans la merde des hyènes
la couardise d’un minable, qu’en sais-je
va au fond de ce monde
éprouve-le au dedans de toi
que chacun de tes muscles
le connaisse et le haïsse
que l’endorphine se libère
et te fasse l’aimer comme une pute nouvelle
va mon fils, mon frère, mon amante, ma chienne
ma terreur, va et ne t’arrête qu’après avoir
piétiné les dieux
n’oublie pas de les louer à chaque instant
va