lundi 19 novembre 2007

un poème de julien cocquerel

est-ce que je me réduis à mes obsessions, à cette présence qui
englue mon imagination, mon esprit même
une présence de femme que je fais être plus qu'elle
ne peut être ou qu'elle ne sera jamais
autrement
ça ne me rend ni plus fort ni plus beau
les filles veulent sûrement de l'extraordinaire
elles veulent que j'enquête sur des cadavres
que je bouffe des blattes
que je pleure dans leurs cuisses en racontant mes malheurs
mais moi je fais que resto baise
car sinon c'est le grand saut dans le vide de tout et personne
pour me rattraper personne je le sais
tu glisses doucement mais sûrement
tu tombes entraîné par ton propre poids et
la fille te regarde
à la fois effrayée et soulagée
alors si les filles sont un écran de carne entre nous et le néant?
c'est la carne le néant, je ne dis rien de moral, non, promis
la carne c'est comme la pierre, pas de monde, rien
c'est inerte, parler à une pierre?
je préfère encore qu'elle penche son visage sur moi, un vrai puits
et qu'elle frémisse au-dessus de l'abyme
la carne elle s'évaporera, ça gâche trop de choses
tout comme les sentiments d'ailleurs
il faudrait que je te tende des traquenards
que je t'effraie genre méchant
pour que les réflexes conditionnés de l'amour s'effondrent

dimanche 18 novembre 2007

parution

Les éditions Dernier Télégramme ont le plaisir
de
vous annoncer la parution du livre :

BABYLONE (trilogie)

par Jérôme Bertin

112 p., 14/19 cm, 15€, isbn : 978-2-917136-04-1



Commande à l’adresse suivante :

Dernier Télégramme
10 rue des Allois
87000 Limoges

(Chèque à l’ordre de Dernier Télégramme)

site internet des éditions du Dernier télégramme

mardi 6 novembre 2007

épopée 15, 16, 17, 18

15.
sont venues les éclats
tressaillir la chair
l'élan des muscles
radieux et les haies rient
à en perdre la raison
les pâtures fleurissent
sous mes pas
il est évident qu'un principe
soutient l'harmonie et le chaos du réel

16.
qu'adviendra-t-il de certain?
de conséquent?
d'important
(chaque ligne annule la précédente)

17.
large vrombit
la défaite
sourde dans nos cœurs
qui n'en peuvent plus mais de battre
suffoqués le regard déterminé dans le vide
des montagnes s'écroulent indéfiniment
dans les secondes interminables
la mort semble confortable
ô mon destrier toi plus que toi
a la force d'atteindre la bordure extérieure
et moi que tu traînes
une chose
large vrombit
la défaite
sourde dans nos cœurs
qui n'en peuvent plus mais de battre
nos corps portent des marques qui ne se voient plus
rien n'indique la dureté des luttes
nous sommes indifférents
en manteau gris dans le brouillard
large vrombit
la défaite
sourde dans nos cœurs
qui n'en peuvent plus mais de battre

18.
les interdits, les codes, les structures
pleuvent
comme des armes
et dieu sait combien les armes sont belles
en particulier le xm-177, trapu et sauvage
dieu sait combien
elles entravent les efforts de tout guerrier
occupé à bien faire
soupirer, les secondes sont trempées par les pluies
chaque seconde
souffler
peut-être y a-t-il quelqu'un au bout du chemin
c'est flou ou je n'ai pas envie qu'il y ait quelqu'un
au bout du chemin

dimanche 4 novembre 2007

à lire, à voir, à entendre

Christian Edziré Déquesnes lisant Konrad Schmitt...

et bien sûr la sortie du coffret TWIN PEAKS saison 1!
Du grand Lynch, sort également en dvd son dernier opus INLAND EMPIRE sur lequel on lira avec intérêt les analyses pour et contre du blog de Pierre Cormary.

samedi 3 novembre 2007

épopée 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14

8.
les ennemis et les coups durs sont les écailles
où ricoche le monde
sous lesquelles évolue le héros libre et pesant
il est loin le temps de l'invisibilité

9.
après le pont et l'énigme que je résous
une demeure confortable et son habitante
l'enjeu est charnel
tout basculerait si tel n'était pas le cas
ce qui n'arrivera pas
mais la question s'est posée
un bruissement d'eau et l'éclat de la chair
je ne pose aucune question

10.
les grands combats contre les barbares
assoiffés du manque de cohérence au sein de l'individu
n'augmentent ni la gloire ni le désespoir
penser à soi suffit à les éviter
et nous laisse inepte au milieu d'une immense place vide
alors les affronter
frapper
toujours

11.
le héros ne tremble pas
il scintille et cela le rend
difficilement repérable mais prévisible

12.
ô mon destrier
la plaine est longue
ton cuir luisant doit endurer
la pénibilité de l'effort
moi le reste, plus immatériel
ô plaine
ne jamais considérer la monotonie
le bivouac, l'embuscade
et l'attente au milieu de nulle part
ce n'est pas une vie

13.
le désespoir est aussi incompréhensible que
je marche malgré la fatigue
maintenir un niveau général moyen
alors je serai joyeux?
passent des bêtes dans le fond
la joie qui est impudique

14.
viendront les regrets, la lèpre
ravage
si mécaniquement, physiquement, rien n'est éliminé
asséché alors renaîtront-ils toujours
les terribles regrets
me couper le bras pour ne jamais plus voler
est la devise des vertueux
la suivre, la suivre
laisser couler les regrets
l'âcreté, fi!