vendredi 29 août 2008

3 poèmes de julien cocquerel

1.
la tristesse contient sa part de vacuité, elle résulte de mon orgueil également
elle est mon attachement
à toi
ta présence
incomparable qui fait tout l’instant
je dis bien tout l’instant
ce qui est considérable
te voir venir
avancer
dans la présence
de nos moments
es-tu aussi sensible, délicate que tu le prétends
sais-tu la rage, la colère rentrée
la tristesse que tu provoques
quand nous sortons de la joie pure
la falaise plonge dans la mer
la vague déroule, grasse, parfaitement à gauche
sa crête d’écume, la lèvre percute l’eau
en un remous impressionnant
être à ce moment-là dans la zone d’impact présente un risque
réel de noyade, groggy d’abord, projeté vers le fond
la tête heurte le corail, une pierre
cela se joue à peu
d’ordinaire on remonte le plus vite possible
pour affronter l’autre vague qui se creuse avant
de se fracasser sur nous
et ainsi de suite jusqu’au calme relatif où l’on
mettra pas mal d’énergie pour se tirer de cette sale affaire

2.
voir le dos gras des prédateurs se tordre sous moi
fureter comme eux à la recherche des proies
être un prédateur
tendre l’arbalète le doigt sur la gâchette
se couler près d’eux, les attendre accrocher
aux pierres du fond
cette salope de carangue en un coup de nageoire
se fout hors de portée
d’un coup de queue
disparaît
dans le petit canyon
la clairière immense et sombre où l’on ne voit plus ce qui peut venir
seule au fond de la clairière immense
la carangue s’en est allée
je me retourne et vois
avec ma cage thoracique comprimée
la surface comme un souvenir vital
et s’il venait ?

3.
sais-tu ma tristesse
ce soir
le ponton, les constellations nouvelles
le muret, les arbres fraîchement taillés
n’y pourront rien changer
il y a la joie pure de ton sourire
de ta seule présence
et si cela se dérobe à moi
quelle tristesse en découlera
tu ne peux rien en savoir non ?
je ne le souhaite pas
ta seule beauté qui accélère le rythme cardiaque

mercredi 20 août 2008

nou

Soyons unis, devenons frères

Hymne de la Nouvelle-Calédonie

- version longue -


Couplet 1.
Ô Terre sacrée de nos ancêtres,
Lumière éclairant nos vies,
Tu les invite à nous transmettre
Leurs rêves, leurs espoirs, leurs envies.
À l’abri des pins colonnaires,
À l’ombre des flamboyants,
Dans les vallées de tes rivières,
Leur cœur toujours est présent.

Refrain 1.
Hnoresaluso ke-j onome
Ha deko ikuja ne enetho
Hue netitonelo kébo kaagu
Ri nodedrane

Refrain 2.
Soyons unis, devenons frères,
Plus de violence ni de guerres.
Marchons confiants et solidaires
Pour notre pays.

Couplet 2.
Terre de parole et de partage
Tu proposes à l’étranger,
Dans la tribu ou le village,
Un endroit pour se reposer.
Tu veux loger la tolérance,
L’équité et le respect,
Au creux de tes bras immenses,
Ô Terre de liberté.

Refrain 1.
Hnoresaluso ke-j onome
Ha deko ikuja ne enetho
Hue netitonelo kébo kaagu
Ri nodedrane

Refrain 2.
Soyons unis, devenons frères,
Plus de violence ni de guerres.
Marchons confiants et solidaires
Pour notre pays.

Couplet 3.
Ô Terre aux multiples vissages
Nord, Sud, Îles Loyauté,
Tes trois provinces sont l’image
De ta grande diversité.
Nous tes enfants, tu nous rassembles,
Tempérant nos souvenirs.
D’une seule voix, chantons ensemble :
Terre, tu es notre avenir.

Refrain 1.
Hnoresaluso ke-j onome
Ha deko ikuja ne enetho
Hue netitonelo kébo kaagu
Ri nodedrane

Refrain 2.
Soyons unis, devenons frères,
Plus de violence ni de guerres.
Marchons confiants et solidaires
Pour notre pays.

à lire

Un article de Laurent Grisel (site remue) au sujet de l'étonnant ouvrage de poésie Le Héros d'Hélène Sanguinetti.

lundi 18 août 2008

à écouter

Le travail du poète sonore Yves Justamante sur sa page myspace. On y trouve également une vidéo de répétition. Yves Justamante fait intégralement partie du projet mystique et épique qu'est RE-PON-NOU.

lundi 11 août 2008

à paraître au corridor bleu



Pascal Boulanger

Jamais ne dors




le livre
Jamais ne dors marque une rupture formelle dans l’œuvre de Pascal Boulanger. Si ses précédents recueils (notamment Martingale, Tacite, L’Émotion l’émeute et Jongleur) travaillaient le vers libre et le poème en prose, Jamais ne dors, en refusant la rétention du sens et des sensations, prend appui sur le vers ample et le verset claudélien.
Faut-il rappeler que le verset tire son origine de la Bible et… de la correspondance amoureuse? Puisqu’il s’agit, avant tout, dans Jamais ne dors de faire dialoguer les passions humaines et de désigner – sans emphase mais dans la revendication d’un «haut-lyrisme» - l’amour sous toutes ses formes, eros, philia et agapè doivent se mêler dans le poème.
Jamais ne dors ne décèle par ailleurs aucune recherche de transcendance, aucun éloge d’un ailleurs ou d’un hors-temps plus vrai que nos contingences. Les versets s’enchaînent et génèrent leur conséquence, sans jugement préalable ou remords extérieur. Il s’agit d’examiner le lieu (notre théâtre) où s’interpénètrent les sphères de l’intime et de l’Histoire.

l’auteur
Pascal Boulanger, né en 1957, vit et travaille à Montreuil. Parallèlement à son travail d’écriture, il cherche depuis une vingtaine d’années, à interroger autrement et à resituer historiquement le champ poétique contemporain qui, pour lui, passe par la prose. Marqué par la poésie rimbaldienne et le verset claudélien, il a donné de nombreuses rubriques à des revues telles que Action poétique, Artpress, Le cahier critique de poésie, Europe, Formes poétiques contemporaines et La Polygraphe. Il a été responsable de la collection Le corps certain aux éditions Comp’Act. Il participe à des lectures, des débats et des conférences en France et à l’étranger.
Il a publié des poèmes dans les revues : Action poétique, Le Nouveau Recueil, Petite, Po&sie, Rehauts…
Ouvrages publiés : Septembre, déjà (Europe-poésie, 1991), Martingale (Flammarion, 1995), Une action poétique de 1950 à aujourd’hui (Flammarion, 1998), Le Bel aujourd’hui (Tarabuste, 1999), Tacite (Flammarion, 2001), Le Corps certain (Comp’Act, 2001), L’Émotion l’émeute (Tarabuste, 2002), Jongleur (Comp’Act, 2005), Les horribles travailleurs, in Suspendu au récit, la question du nihilisme (Comp’Act, 2006), Fusées & paperoles (L’Act mem, 2008).


parution : hiver 2008 / ISBN : 2-978-2-914033-26-8 / 96 p. / 12 x 18,5 cm. / 13 € / Port : 2 €
chèque à l’ordre du corridor bleu 185, rue Gaulthier de Rumilly 80000 Amiens
ou pré-achat en ligne avec paypal sur le site du corridor bleu

lundi 4 août 2008

un texte de nathalie riera

Je suis l’amour dans la poussière des routes, mon esprit n’a que lavandes et embruns pour sentiers.
Je suis l’amour comme vous. Vous savez, lorsque l’on se choisit pour se dire ce que nous n’avons encore dit à personne.
Vous savez que je suis l’amour comme vous, alors pourquoi le fer et le fiel ?




Je suis l’amour dans les ombrages d’un figuier, où fleurissent les mots, et je ne veux pas de vos fruits avariés, même si vous n’entendez rien de ce que je vous dis, je ne veux rien de tout cela qui nous dévaste : les champignons pillards et les fleurs du soleil noir.
Nous sommes l’amour irréparable.




J’ai mis à mes jambes des vieux bas tricotés de tiges et d’épines, et à mes pieds des chaussures à talons de pierre pointue.
Je suis l’amour qui ne vous aime pas.
Pas de serpent à nourrir dans mon sein.




Nous sommes l’amour inhérent.
Je me rafraîchis aux ombres claires, à l’eau du coeur, à la fraîcheur de l’alliance.
Avec toi, rive. D’où l’on peut encore s’inventer l’amour du prochain, le jaune du citron, le hâle des seins et des reins, l’espoir et ses motifs de pampres.
Ma rive inhérente, où le poème est encore de la brume sur la cime. Et c’est très bien.