lundi 27 octobre 2008

la vie merveilleuse de julien cocquerel 2

10.
le désir rend-il pâle la raideur du chevalier ?
c’est la fébrilité qui le saisit
quand il attrape la soubrette
effroyable, le plus grand des sentiments


11.
Casshern (2004)
Directed by Kazuaki Kiriya. With Yusuke Iseya, Kumiko Aso, Akira Terao. Live- action sci-fi movie based on a 1973 Japanese animé of the same name…

12.
verse la haine de ton cœur, c’est le miel noir
que boit la cité rouge
elle dort et je tremble
elle tremble, je ne dors pas
le sexe doit à la violence ou l’inverse ?
qui est digne de la vérité ?
pas elle, pas toi

13.
Calvaire (2004)
Directed by Fabrice Du Welz. With Laurent Lucas, Brigitte Lahaie, Gigi Coursigny . A singer's car breaks down deep in the woods.

14.
en progressant dans la choucroute bleue qui n’a pas de limites (et nous le saisissons)
il n’est pas absurde de créer des dieux et des monstres affamés
pour se diriger
celui qui ne le fait pas
risque de ne rien voir
de sombrer sans aucun intérêt dans le rien vide de tout
et les dieux sont dans le crâne de mon père, du sien, ad libitum
dans les synapses, dans la terre, dans le foutre, ils sont là
radieux quel que soit l’odeur des draps
ils sont là vieux et tigres, excitent l’âme, multiplient

15.
le calvaire de monica

16.
Ex Drummer (2007)
Directed by Koen Mortier. With Dries Van Hegen, Norman Baert, Gunter Lamoot. Three handicapped losers who form a band ask famous writer Dries to be their…

17.
dans les bois les porcs
ta lie, le sang vermillon et fluide
un monochrome ou un regret ?
heureusement il y a glenn gould
c’est la consolation d’une journée sans sexe
pénétrer dans le monochrome, la choucroute bleue et ses dauphins
je suis armé et les armes coulent
je ricane et les armes brillent
le rostre de l’espadon, la douleur est moins que la peur
tu es si belle dans ta nouvelle photo de profil

18.
Dispositifs/Dislocations propose une poétique du collage à travers différentes manifestations historiques et génériques : arts plastiques (Picasso, Rodtchenko, Jasper Johns), littérature (Denis Roche, Manuel Joseph), musique (Oval, Negativland). Olivier Quintyn reconceptualise cette notion en la décrivant comme un dispositif destiné à dramatiser des expériences de désunion entre des logiques symboliques de représentation du monde.
Retravaillant certains concepts de l’esthétique analytique de Nelson Goodman et de l’épistémologie de Paul Feyerabend, il fabrique une petite grammaire des opérations collagistes articulant divers types de fonctionnements pragmatiques. Il développe enfin une réflexion sur leur portée sociale, dans le cadre d’une critique philosophique de la culture (Theodor Adorno, Walter Benjamin). Le but de ce livre est de donner une consistance théorique à des pratiques dénaturalisant les formes de croyance et de savoir collectif par des tactiques de dislocation épistémocritique.

19.
épistémocritique

20.
descendre à 30 m. est une aventure, puis 40, ad lib.
qu’est-ce que je fais là ? qu’est-ce que j’ai oublié là-haut ?
un bon coca-cola et une douche chaude
la couleur rouge dans le monde entier
au détour d’une ruine doit rappeler
le bon goût du coca-cola comme les déesses
antiques pouvait sauver dans les bas-fonds de calcutta
oui je l’ai oublié et il faut accepter la pression sur son corps
c’est la vie merveilleuse, une question d’habitude
le grand secret c’est les ET les ufo nazis
les dieux dansent dans mon sang qui peut percer mon cœur
si je descend trop le long du câble
une couronne de douze étoiles
le rayon du supermarché
(provoque)
nous faisons de la poésie dominicale
champêtre, très en deçà, très
toujours à la traîne
il faut se détacher de l’idée de performance car cela fait faire des bêtises
pourras-tu remonter ? y aller ne suffit pas

21.
le mage jaune émet ses desseins machiavéliques
pour les antennes de son casque
sa cruauté est infinie
le suicide est une belle mort

jeudi 16 octobre 2008

nouvelle parution des éditions le corridor bleu



le livre
Jamais ne dors marque une rupture formelle dans l’œuvre de Pascal Boulanger. Si ses précédents recueils (notamment Martingale, Tacite, L’Émotion l’émeute et Jongleur) travaillaient le vers libre et le poème en prose, Jamais ne dors, en refusant la rétention du sens et des sensations, prend appui sur le vers ample et le verset claudélien.
Faut-il rappeler que le verset tire son origine de la Bible et… de la correspondance amoureuse? Puisqu’il s’agit, avant tout, dans Jamais ne dors de faire dialoguer les passions humaines et de désigner – sans emphase mais dans la revendication d’un «haut-lyrisme» - l’amour sous toutes ses formes, eros, philia et agapè doivent se mêler dans le poème.
Jamais ne dors ne décèle par ailleurs aucune recherche de transcendance, aucun éloge d’un ailleurs ou d’un hors-temps plus vrai que nos contingences. Les versets s’enchaînent et génèrent leur conséquence, sans jugement préalable ou remords extérieur. Il s’agit d’examiner le lieu (notre théâtre) où s’interpénètrent les sphères de l’intime et de l’Histoire.

l’auteur
Pascal Boulanger, né en 1957, vit et travaille à Montreuil. Parallèlement à son travail d’écriture, il cherche depuis une vingtaine d’années, à interroger autrement et à resituer historiquement le champ poétique contemporain qui, pour lui, passe par la prose. Marqué par la poésie rimbaldienne et le verset claudélien, il a donné de nombreuses rubriques à des revues telles que Action poétique, Artpress, Le cahier critique de poésie, Europe, Formes poétiques contemporaines et La Polygraphe. Il a été responsable de la collection Le corps certain aux éditions Comp’Act. Il participe à des lectures, des débats et des conférences en France et à l’étranger.
Il a publié des poèmes dans les revues : Action poétique, Le Nouveau Recueil, Petite, Po&sie, Rehauts…
Ouvrages publiés : Septembre, déjà (Europe-poésie, 1991), Martingale (Flammarion, 1995), Une action poétique de 1950 à aujourd’hui (Flammarion, 1998), Le Bel aujourd’hui (Tarabuste, 1999), Tacite (Flammarion, 2001), Le Corps certain (Comp’Act, 2001), L’Émotion l’émeute (Tarabuste, 2002), Jongleur (Comp’Act, 2005), Les horribles travailleurs, in Suspendu au récit, la question du nihilisme (Comp’Act, 2006), Fusées & paperoles (L’Act mem, 2008).

ISBN : 2-978-2-914033-26-8 / 96 p. / 12 x 18,5 cm. / 13 € / port : 2 €

acheter le livre sur le site du corridor bleu

ou par correspondance:
règlement à l'ordre du corridor bleu 185, rue gaulthier de rumillly 80000 amiens

à lire:
un article de nathalie riera sur son blog les carnets d'eucharis

lundi 13 octobre 2008

requin chagrin

ici

la vie merveilleuse de julien cocquerel

1.
je suis malheureux
non, épuisé
mon eau est croupie
il y a des blocages
de la fraîche me ferait du bien
pas de l’alcool en quantité
mais il n’y a que ça
(ou je ne veux que ça)
j’arrache les toiles d’araignées
avec une bouteille vide
je me remémore des visages de femmes
les corps, la courbe des fesses et
les hanches
c’est l’unique beauté que me
recréent mes cuites
c’est l’unique beauté de ma vie
je pense qu’elle va au-delà de tout
ce que vous pouvez penser
car la vie est la beauté, la souffrance,
les couinements de porc, le christ en rut,
les pleurs de sa mère, ma gloire, les chattes fumantes

2.
le compte en banque et les goûts personnels
reposent sur des bases si fragiles
qu’on finit par leur donner de l’importance
qui veut se retrouver nu sur la place du marché
et donner ses biens aux prostitués lourdement maquillées ?
qui veut aimer les bêtes comme on aime une chose ?
il n’y a rien de plus beau qu’un homme qui paye
une crève-la-faim du tiers-monde pour se faire pomper
là est la beauté entière
nous ne recherchons que cela
alors oui traverse les mondes, celui des fantômes affamés et
celui des femelles (qui s’offrent nues au regard
des hommes), traverse et reviens si tu veux
qu’auras-tu fait sinon connu la précipitation et espéré
l’éveil, si les pierres te plaisent, il faut les manger, les sucer
les broyer si la douleur est dans le crâne, c’est que nous
sommes loin de la sainteté, très loin car le saint
jamais ne souffre même paralysé, martyrisé, humilié, roué
jamais ne souffre
en lui infuse ce qui est
jamais ne doute
jamais ne veut
jamais ne cherche

3.
tu sais peut-être que les gens de peu ont la foi simple du cordonnier
et qu’ils adorent plus que tout la vierge marie
qui console les cœurs meurtris
leur misère, si longue et si chiante, pour l’écouter
qui sera là ?
nous aussi souhaitons la misère de ceux qui font souffrir
nous ne voulons pas leur ouvrir nos lits, l’envers de nos tiroirs
et les grains de poussière, papiers, trombones, briquet, souvenirs
qui y traînent ni leur donner du bon vin, de la bonne bouffe
nous aimons penser qu’ils échapperont toujours à notre colère
et que c’est ça qui les rend vraiment irrécupérables
imagine que c’est un tas de merde et que chaque jour
nous devons les enduire de notre bave de gentillesse et d’attention
(récoltée par des nymphes chaudes)
avec un pinceau voire nos cheveux s’ils sont suffisamment longs
c’est l’objet de tout notre être, de tout notre temps, de toute notre vie
et je comprends toujours pas grand chose à tout cela
mais si, au fond, on pouvait raconter la première prise de lsd
le premier sexe crade, l'œil torve d’un poisson tué gratuitement
tout serait plus simple

4.
aujourd’hui j’ai rangé mon intérieur, il y avait pas mal de choses
et pas que des objets, des animaux beaucoup, des déchets
j’aimerai bien tout perdre mais c’est trop facile, trop prévisible
ma mémoire fonctionne comme une étagère et l’amour des bêtes
me montre pourtant que c’est stupide

5.
un regard un peu plus humide, oui
une chute de reins trop marquée, c’est tout
là voilà pour hanter le champ de mon esprit
qui dira le contraire, qui connaît plus beau, terrible
et l’amour ne saurait souffrir pareille errance
les petites perdrix, les clefs rouillées, la voix nasillarde
ulysse (et les siens) n’est pas mieux que moi, je l’aide
à ne pas trop souffrir quand les voiles se dégonflent
la plaine aux couleurs de dévastation, où s’est enfuie la vie ?
quand je vole au-dessus pourquoi aurai-je peur ? la gorge se plaque
il est impossible de ne pas s’étouffer et pourtant je suis le roi
merveilleux de ce pays mort que j’aime tant, aux mille caprices
dont celui de ma vie, mon souffle, la paix, pacotille !

6.
le cauchemar, la boue de caféine et de chien mouillé
au seuil des joies que je partage avec les piafs connards
je l’aime
et ma chair jamais ne touche
mon esprit jamais ne trouble
oui c’est vrai
chloë prenait beaucoup de cachets pour atteindre l’éveil ou
la libération je ne sais
vraiment beaucoup et parfois pétait les plombs, à poil dans les
rues de paris à hurler après moi, les ténèbres, les requins, c’est égal
lola se faisait sauter par tout ce qui passait pour découvrir l’âme humaine
vraiment tout et parfois pleurait
« tu ne m’aimes pas tu ne m’aimes que pour le sexe, baby
je t’aime you know toi tu as des limites »
ce n’est pas cette nuit-là que j’ai découvert l’infini
mais

7.
le roi je l’ai aimé, ses armées suivi
les animaux de compagnie également
mon énergie, ma joie, mes affects, idem !
et ce qui reste, non, ce qui se dresse
est extraordinaire, digne du yéti, des temps
glorieux, de rome, de la crémière que tout le village
oui ! un jour viendra pour la sainteté
vous qui souffrez, qui sentez le malheur sale
le jour viendra, cela fait partie de ma beauté

8.
plus que tout, plus que tout quoi ? aux yeux des autres
dans le for intérieur de sa propre guerre, qu’est-ce qui vaut plus que tout
on s’échoue plus ou moins lamentablement
le lièvre élastique et électrique, les filles humides, les vieux qui sentent
pas bon, les chicots, les verrues, l’haleine de bière, les yeux rouges
la grand-mère qui pisse en jet dans le seau que sa fille lui tend
l’une des personnes de la trinité chez les orthodoxes s’élève à un moment précis
de la messe, vers quoi, on ne sait pas trop, tout cela reste mystérieux
alors oui, je crois que sale-pute-sainte-et-apostolique s’avance sur le parvis
car la vue de matax-ratatax-atarax l’incommode :
- petite saleté, tu évites les questions, ça ne peut plus durer
- je te promets que non, je ne puis faire autrement, évite-moi alors
- ça ne marche pas comme ça
- ce sera donc la guerre
- soit
- jusqu’à ce que la désolation nous soit joyeuse
- pfffff
- pauvre fille
- bouffe tes morts
- même pas en rêve
- soit

9.
des pâtes et un steak surgelé, de la bière locale
comment m’aimes-tu
il y a une haie de corps de femme et leur réalité est un comme un tourment
il est difficile de comprendre pourquoi leur corps présente une résistance
de corps, on ne le traverse pas si vous préférez
la fille la plus salope que tu as baisée
difficile à dire, ses yeux, sa démarche, tout le métro se retourne
comme des chiens, les clodos lui disent des trucs obscènes voire
se branlent direct

lundi 6 octobre 2008

nouveauté

Les éditions électroniques Publie.net,

créées par François Bon,

présentent

la collection L’inadvertance,

dirigée par François Rannou et Mathieu Brosseau


Nous souhaitons qu’au moment où les maisons d’édition de poésie et de littérature ont de plus en plus de mal à exister sous forme «papier», puisse se créer ici un espace pour les poètes qui soit un lieu de création, de réflexion, d’essais, d’expérimentations (et de collaborations aussi avec des plasticiens ou musiciens par exemple). Y seront publiés : livres inédits, livres anciens introuvables (par exemple lorsque l’éditeur a disparu), essais, réflexions… Ce sera la collection l’inadvertance.

Les ouvrages déjà parus :

L’inadvertance, de François Rannou

Aujourd’hui de nouveau, de Jean-Luc Steinmetz

Couleurre, de Patrick Beurard-Valdoye

ABC d’R, d’Alain Hélissen

Envie de rien, de Vannina Maestri


Lien vers la collection l’inadvertance

mercredi 1 octobre 2008

à lire

Une étape dans la clairière n°19, revue électronique animée par Nathalie Riera, disponible par mel.
Il y est question, entre autres car il y a beaucoup de choses très intéressantes, de Pascal Boulanger dont le prochain livre est à paraître aux éditions le corridor bleu.
Nathalie Riera anime également le site les carnets d'eucharis.