mercredi 2 avril 2008

à lire!


Un livre de critique en poésie contemporaine est chose aussi rare que précieuse car la plupart du temps nous inflige-t-on bavardages ineptes à prétention "scientifique", anthologies, florilèges et renvois d'ascenseur que ne lisent que ceux qui y figurent. Pascal Boulanger, auteur de plusieurs ouvrages de poésie, nous livre ici une belle somme qui reprend nombre de ses contributions critiques à des revues comme Europe, Poésie 1, Action poétique, Artpress, Java, La Polygraphe. L'ouverture d'esprit de l'auteur (la question des avant-gardes avec Tel Quel entre autres est abordée tout comme celle du lyrisme ou de la poésie dite chrétienne) et l'absence de souci universitaire rendent la lecture de ce livre particulièrement facile et agréable. On lira ce livre également pour les pistes tout à fait originales de réflexion qu'il nous propose. Je retiens principalement la place qu'accorde Pascal Boulanger à l'histoire dans la poésie, place trop souvent négligée au profit du jeu vain ou de la confidence. Ainsi cite-t-il fort à propos Heidegger:
La poésie n'est pas simple ornement qu'accompagnerait la réalité humaine, ni simple enthousiasme passager, elle n'est pas du tout une simple exaltation ou un simple passe-temps; la poésie est le fondement qui supporte l'histoire.
et d'ajouter lui-même:
La poésie doit dévoiler l'histoire, et l'histoire qui se dévoile poétiquement n'est évidemment pas l'histoire des historiens, ni l'histoire historiciste. Elle est l'expérience singulière du temps, c'est-à-dire la façon dont le temps est vécu dans la vécu du temps.
Outre les critiques, on trouvera également des entretiens avec Yves di Manno au sujet de la nouvelle traduction des Cantos de Pound, avec Philippe Beck, Clément Rosset, Henri Deluy ou encore Jacques Henric.
En marge des ouvrages plus conventionnels, ce livre se veut une traversée personnelle dans les territoires de la poésie contemporaine, attentif à la fois aux fusées fulgurantes de notre modernité tout comme à ses discrètes paperoles.
Voilà donc un livre important qui devrait faire débat à l'heure où la poésie ne provoque plus rien.

2 commentaires:

pileface a dit…

" Depuis quand les textes sont-ils là, disponibles, sous mes yeux ? A la fin des années soixante-dix, j’ai vingt ans. Après les métiers pénibles, l’errance de ceux qui n’ont même pas leur bac en poche, je lis, je m’informe, j’opère des choix, j’intègre, je rejette, je m’attache à quelques singularités et à quelques titres, je découvre l’importance es collections, des revues : Action poétique, Tel Quel, Digraphe... Des questions naissent, des affinités s’affirment. Et je saisis que là où la poésie est dérisoire, la société est une société des amis du crime. Les hommes, en effet, y vivent en enfer et y meurent ensemble.
[...]
Que reste-t’il d’actuel, pour un lecteur, une fois passée l’actualité littéraire ? Comment mettre en partage ses plaisirs de lectures ? Nulle poésie n’achève la poésie, mais chacune déplace, approfondit, recrée toutes les autres. Ce livre, qui est aussi un hommage aux éditeurs et aux collections de création [...]"

C'est ainsi que pascal boulanger se présente dans Fusées et Paperoles. La suite et un extrait relatif à Denis Roche sur :
http://www.pileface.com

pileface a dit…

Le lien correct sur Fusées et Paperoles de Pascal Boulanger est : http://www.pileface.com/sollers/article.php3?id_article=547