lundi 19 novembre 2007

un poème de julien cocquerel

est-ce que je me réduis à mes obsessions, à cette présence qui
englue mon imagination, mon esprit même
une présence de femme que je fais être plus qu'elle
ne peut être ou qu'elle ne sera jamais
autrement
ça ne me rend ni plus fort ni plus beau
les filles veulent sûrement de l'extraordinaire
elles veulent que j'enquête sur des cadavres
que je bouffe des blattes
que je pleure dans leurs cuisses en racontant mes malheurs
mais moi je fais que resto baise
car sinon c'est le grand saut dans le vide de tout et personne
pour me rattraper personne je le sais
tu glisses doucement mais sûrement
tu tombes entraîné par ton propre poids et
la fille te regarde
à la fois effrayée et soulagée
alors si les filles sont un écran de carne entre nous et le néant?
c'est la carne le néant, je ne dis rien de moral, non, promis
la carne c'est comme la pierre, pas de monde, rien
c'est inerte, parler à une pierre?
je préfère encore qu'elle penche son visage sur moi, un vrai puits
et qu'elle frémisse au-dessus de l'abyme
la carne elle s'évaporera, ça gâche trop de choses
tout comme les sentiments d'ailleurs
il faudrait que je te tende des traquenards
que je t'effraie genre méchant
pour que les réflexes conditionnés de l'amour s'effondrent

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