mercredi 20 mai 2009

le second royaume de dieu de callixte longpas (feuilleton)

3. le choix des armes

pourquoi suis-je parti ? pourquoi ai-je tout brûlé ?
pourquoi mes compagnons ? pourquoi mon frère ?
j’avais si peu à perdre, les larmes, les cendres, c’est peanuts
et la beauté des bivouacs, l’angoisse métaphysique, peanuts aussi !
je sais qu’il est quelque part caché dans le Royaume
le sceptre de puissance
je le sais et nous le voulons
mon frère, que sait-il de la puissance, qu’en ferait-il ?
il a suffisamment raillé les ancêtres

la marche est dure, les pieds gonflent
la tête fait mal et les yeux sont veinés de sang
sous le soleil blanc qui chauffe la pierre
du massif saint, trois fois saint je le sais
des ruines commencent à apparaître
béton, métal, acier, verre, tags, puanteur
le medecine-man s’agenouille pour humer le sol
- compagnons ! nous voilà au cœur du Royaume
déchu, des hommes l’ont bâti
des hommes l’ont détruit
nous explorons ses ruines à la recherche
du pouvoir et du savoir mais craignez
dorénavant plus que tout la nuit
- et pourquoi medecine-man craindre la nuit ?
- la nuit du Royaume déchu saura fabriquer
des rêves tels que tu préfèreras te dépecer vivant
crains tes rêves, crains la nuit, respecte
scrupuleusement les lieux sacrés du Royaume déchu
il en va de notre survie

jil semble ailleurs, le regard vers les étoiles, à dessiner
des vaisseaux qui sombrent dans le noir absolu
il me prend à part
- tu y crois à ces conneries ?
jil, ne blasphème pas,
tu t’écrases, tu te prosternes
ça ne peut pas te faire de mal, force-toi, ça viendra

je ne dis pas que j’ai craint de m’endormir ce soir-là
peut-être ai-je dégluti moins facilement que d’habitude

je me réveille heureux de sortir d’une nuit de néant
les autres ne disent rien
le café fumant embrase nos neurones
nous mangeons quelques gâteaux de maïs
levons le camp et partons à l’assaut des ruines
du Royaume déchu

au zénith du soleil nous nous reposons dans l’ombre
d’un building détruit
jil astique son arme
- frérot, elle est belle ton arme
- oui, j’ai sculpté moi-même la crosse
et chaque flèche porte ma marque
pour que l’ennemi sache qui l’envoie dans la vraie vie
- je suis fier de toi frérot
- demain nous traverserons la forêt du Royaume
tiens-toi prêt
- je suis toujours prêt

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