lundi 8 octobre 2007

épopée 3, 4, 5 & 6

3.

au-delà de l'horizon quand tu sentiras la courbure

du globe là seront les barbares

et pas question de les trouver en toi

au fond sans fin de ta caboche maladive

le tiroir humide de tes rêves envolé!

pas dans la belle histoire, ses héros, ses traîtres, ses suiveurs

cela est le picotin des êtres aimables

qui font les communautés

les barbares t'attendent pile quand la terre s'arrête

tapis dans les bordures extérieures, l'incréé, le néant

ce qui est sans visage si tu préfères

la frayeur qu'ils inspirent est inégalable

(et) ayant tout abandonné tu n'as qu'eux

à chérir, à maudire, à détruire si cela est possible


4.

tu te sépareras de ta mère

tu te sépareras de ta mère

de toutes tes femmes, de toutes tes attaches

de tous les êtres

et le désastre de ton entreprise sera le seul motif

valable de continuer

ne jamais voir dans l'oeil de la bête crevée

autre chose qu'un oeil de bête crevée

jamais tu en mourrais

idem pour les branches des arbres, la croisée des chemins


5.

au premier tintement d'une fine feuille de cuivre

j'entre dans la Contingence Absolue

ce qui est ne peut être qu'autrement et cela est admirable

cuivrement fineuille de je dis

la mort de dieu n'est pas une petite affaire personnelle

non non et non les enfants sont idiots de rire ainsi

en serrant mon index que je leur tends malgré moi

à la sortie du bois, aucune irruption ni catastrophe

les énigmes et les péripéties, nada

seule rôde l'Insignifiance qui est mère de tant d'instants

ceux qui tissent nos jours, nos maisons et la cotte de maille

capable d'arrêter l'acier des armes


6.

à la sortie du bois j'ai dû laver la peau des attaches

des instants, des fioritures de réalité et cela

est plus douloureux que l'équarissage des troupeaux entiers

puanteur, beuglement, mort électrique et la fournaise de la charogne

l'eau s'en est écoulée dans l'humus sec qui l'a bue comme

n'importe quelle eau et la peau a toujours aussi froid, faim et peur

et l'eau lave toujours avec la même ignoble indifférence

« tu n'iras pas dans la boue, tu n'iras pas dans la lumière

tu resteras dans cette part du monde où l'on ne te voit pas

tu renonceras à ce qui fait le monde pour toi

tu vibreras nu au milieu des choses qui ne sont pas, qui ne sont jamais

et ce qui n'est plus tu l'oublieras » me dit l'eau

que je dois supporter

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