de
Louis-François Delisse

Lecture indispensable! À noter en fin de volume, une bibliographie complète de Louis-François Delisse.
64 p. / 12 €
éditions apogée
11, rue du Noyer
35000 Rennes
www.editions-apogee.com
aventure
7.
à l'orée du bois, la lisière, l'extrémité
des petites choses adorables sortent d'une femme
allongée dans la mousse et les trompettes de la mort
des larves blanchâtres que j'étreins
que je crève, que je jette le plus loin possible
de moi
j'aime plus que tout ces choses adorables
les aimer m'aime, c'est indéniable, ici et maintenant
puis elles s'évaporent en laissant un parfum de souffrance
s'agripper à ce qui fait que la scène tient le coup
trop étreint mal étreint rien
hagard dans le bois dont on ne sort plus à cisailler
l'air
avec l'épée
tant les choses s'enfuient plus vite que tout
puis errer le désir vif
toujours
frapper
Trente-deuxième sonnet
à Thomas Chevrier
Les orages grondent et grondent mais ils grondent
Sans qu’on sache d’où cela vient, comme une vitre
Tremble, comme sous la poussée d’un taureau vague,
Un taureau venant, taureau se formant dans l’air,
Né de son souffle, de son pas ou de son coup
D’épaule, les orages grondent et ils naissent
D’eux-mêmes, de la caresse de leur puissance,
Du doux frisson de la colère qui les roule,
Grondent de plaisir comme un éboulis de fauve,
Où ronronne un torrent d’eau claire entre ses dents,
Eau qui est salive qui dévaste sa pente.
Tels des châteaux d’air en marche sur le gravier -
L’être est amplification de sa venue -
Les orages grondent en s’en faisant l’écho.
3.
au-delà de l'horizon quand tu sentiras la courbure
du globe là seront les barbares
et pas question de les trouver en toi
au fond sans fin de ta caboche maladive
le tiroir humide de tes rêves envolé!
pas dans la belle histoire, ses héros, ses traîtres, ses suiveurs
cela est le picotin des êtres aimables
qui font les communautés
les barbares t'attendent pile quand la terre s'arrête
tapis dans les bordures extérieures, l'incréé, le néant
ce qui est sans visage si tu préfères
la frayeur qu'ils inspirent est inégalable
(et) ayant tout abandonné tu n'as qu'eux
à chérir, à maudire, à détruire si cela est possible
4.
tu te sépareras de ta mère
tu te sépareras de ta mère
de toutes tes femmes, de toutes tes attaches
de tous les êtres
et le désastre de ton entreprise sera le seul motif
valable de continuer
ne jamais voir dans l'oeil de la bête crevée
autre chose qu'un oeil de bête crevée
jamais tu en mourrais
idem pour les branches des arbres, la croisée des chemins
5.
au premier tintement d'une fine feuille de cuivre
j'entre dans la Contingence Absolue
ce qui est ne peut être qu'autrement et cela est admirable
cuivrement fineuille de je dis
la mort de dieu n'est pas une petite affaire personnelle
non non et non les enfants sont idiots de rire ainsi
en serrant mon index que je leur tends malgré moi
à la sortie du bois, aucune irruption ni catastrophe
les énigmes et les péripéties, nada
seule rôde l'Insignifiance qui est mère de tant d'instants
ceux qui tissent nos jours, nos maisons et la cotte de maille
capable d'arrêter l'acier des armes
6.
à la sortie du bois j'ai dû laver la peau des attaches
des instants, des fioritures de réalité et cela
est plus douloureux que l'équarissage des troupeaux entiers
puanteur, beuglement, mort électrique et la fournaise de la charogne
l'eau s'en est écoulée dans l'humus sec qui l'a bue comme
n'importe quelle eau et la peau a toujours aussi froid, faim et peur
et l'eau lave toujours avec la même ignoble indifférence
« tu n'iras pas dans la boue, tu n'iras pas dans la lumière
tu resteras dans cette part du monde où l'on ne te voit pas
tu renonceras à ce qui fait le monde pour toi
tu vibreras nu au milieu des choses qui ne sont pas, qui ne sont jamais
et ce qui n'est plus tu l'oublieras » me dit l'eau
que je dois supporter
2.
l'humeur du héros sautille avec le vent
ce qui rend les choses difficiles
mais la direction de sa quête reste la même
la teneur générale, pas la quête en elle-même
pourquoi? pourquoi les créatures exigent de nous
attachement, désirons-nous les posséder?
je dois perdre un à un les éléments de mon apparence
abandonner sans me retourner ... sur le pas de la porte
laisser le cheval bride ballante errer dans la forêt sombre, sans fin
et traverser les ponts au-dessus de ce qui écoeure
c'est inhumain tant j'aime les jolies idoles sucrées et douces
qui font le plaisir, l'énergie et le reste
des feuilles de cuivre craquent, une fine pellicule de fraîcheur
enveloppe mon corps, du froid à venir, l'attention est aiguisée
hirsute.hirsute@orange.frVous aurez par la même occasion quelques infos sur des publications, blogs, etc. et des liens youtube sur le terrible SPK.