lundi 13 octobre 2008

la vie merveilleuse de julien cocquerel

1.
je suis malheureux
non, épuisé
mon eau est croupie
il y a des blocages
de la fraîche me ferait du bien
pas de l’alcool en quantité
mais il n’y a que ça
(ou je ne veux que ça)
j’arrache les toiles d’araignées
avec une bouteille vide
je me remémore des visages de femmes
les corps, la courbe des fesses et
les hanches
c’est l’unique beauté que me
recréent mes cuites
c’est l’unique beauté de ma vie
je pense qu’elle va au-delà de tout
ce que vous pouvez penser
car la vie est la beauté, la souffrance,
les couinements de porc, le christ en rut,
les pleurs de sa mère, ma gloire, les chattes fumantes

2.
le compte en banque et les goûts personnels
reposent sur des bases si fragiles
qu’on finit par leur donner de l’importance
qui veut se retrouver nu sur la place du marché
et donner ses biens aux prostitués lourdement maquillées ?
qui veut aimer les bêtes comme on aime une chose ?
il n’y a rien de plus beau qu’un homme qui paye
une crève-la-faim du tiers-monde pour se faire pomper
là est la beauté entière
nous ne recherchons que cela
alors oui traverse les mondes, celui des fantômes affamés et
celui des femelles (qui s’offrent nues au regard
des hommes), traverse et reviens si tu veux
qu’auras-tu fait sinon connu la précipitation et espéré
l’éveil, si les pierres te plaisent, il faut les manger, les sucer
les broyer si la douleur est dans le crâne, c’est que nous
sommes loin de la sainteté, très loin car le saint
jamais ne souffre même paralysé, martyrisé, humilié, roué
jamais ne souffre
en lui infuse ce qui est
jamais ne doute
jamais ne veut
jamais ne cherche

3.
tu sais peut-être que les gens de peu ont la foi simple du cordonnier
et qu’ils adorent plus que tout la vierge marie
qui console les cœurs meurtris
leur misère, si longue et si chiante, pour l’écouter
qui sera là ?
nous aussi souhaitons la misère de ceux qui font souffrir
nous ne voulons pas leur ouvrir nos lits, l’envers de nos tiroirs
et les grains de poussière, papiers, trombones, briquet, souvenirs
qui y traînent ni leur donner du bon vin, de la bonne bouffe
nous aimons penser qu’ils échapperont toujours à notre colère
et que c’est ça qui les rend vraiment irrécupérables
imagine que c’est un tas de merde et que chaque jour
nous devons les enduire de notre bave de gentillesse et d’attention
(récoltée par des nymphes chaudes)
avec un pinceau voire nos cheveux s’ils sont suffisamment longs
c’est l’objet de tout notre être, de tout notre temps, de toute notre vie
et je comprends toujours pas grand chose à tout cela
mais si, au fond, on pouvait raconter la première prise de lsd
le premier sexe crade, l'œil torve d’un poisson tué gratuitement
tout serait plus simple

4.
aujourd’hui j’ai rangé mon intérieur, il y avait pas mal de choses
et pas que des objets, des animaux beaucoup, des déchets
j’aimerai bien tout perdre mais c’est trop facile, trop prévisible
ma mémoire fonctionne comme une étagère et l’amour des bêtes
me montre pourtant que c’est stupide

5.
un regard un peu plus humide, oui
une chute de reins trop marquée, c’est tout
là voilà pour hanter le champ de mon esprit
qui dira le contraire, qui connaît plus beau, terrible
et l’amour ne saurait souffrir pareille errance
les petites perdrix, les clefs rouillées, la voix nasillarde
ulysse (et les siens) n’est pas mieux que moi, je l’aide
à ne pas trop souffrir quand les voiles se dégonflent
la plaine aux couleurs de dévastation, où s’est enfuie la vie ?
quand je vole au-dessus pourquoi aurai-je peur ? la gorge se plaque
il est impossible de ne pas s’étouffer et pourtant je suis le roi
merveilleux de ce pays mort que j’aime tant, aux mille caprices
dont celui de ma vie, mon souffle, la paix, pacotille !

6.
le cauchemar, la boue de caféine et de chien mouillé
au seuil des joies que je partage avec les piafs connards
je l’aime
et ma chair jamais ne touche
mon esprit jamais ne trouble
oui c’est vrai
chloë prenait beaucoup de cachets pour atteindre l’éveil ou
la libération je ne sais
vraiment beaucoup et parfois pétait les plombs, à poil dans les
rues de paris à hurler après moi, les ténèbres, les requins, c’est égal
lola se faisait sauter par tout ce qui passait pour découvrir l’âme humaine
vraiment tout et parfois pleurait
« tu ne m’aimes pas tu ne m’aimes que pour le sexe, baby
je t’aime you know toi tu as des limites »
ce n’est pas cette nuit-là que j’ai découvert l’infini
mais

7.
le roi je l’ai aimé, ses armées suivi
les animaux de compagnie également
mon énergie, ma joie, mes affects, idem !
et ce qui reste, non, ce qui se dresse
est extraordinaire, digne du yéti, des temps
glorieux, de rome, de la crémière que tout le village
oui ! un jour viendra pour la sainteté
vous qui souffrez, qui sentez le malheur sale
le jour viendra, cela fait partie de ma beauté

8.
plus que tout, plus que tout quoi ? aux yeux des autres
dans le for intérieur de sa propre guerre, qu’est-ce qui vaut plus que tout
on s’échoue plus ou moins lamentablement
le lièvre élastique et électrique, les filles humides, les vieux qui sentent
pas bon, les chicots, les verrues, l’haleine de bière, les yeux rouges
la grand-mère qui pisse en jet dans le seau que sa fille lui tend
l’une des personnes de la trinité chez les orthodoxes s’élève à un moment précis
de la messe, vers quoi, on ne sait pas trop, tout cela reste mystérieux
alors oui, je crois que sale-pute-sainte-et-apostolique s’avance sur le parvis
car la vue de matax-ratatax-atarax l’incommode :
- petite saleté, tu évites les questions, ça ne peut plus durer
- je te promets que non, je ne puis faire autrement, évite-moi alors
- ça ne marche pas comme ça
- ce sera donc la guerre
- soit
- jusqu’à ce que la désolation nous soit joyeuse
- pfffff
- pauvre fille
- bouffe tes morts
- même pas en rêve
- soit

9.
des pâtes et un steak surgelé, de la bière locale
comment m’aimes-tu
il y a une haie de corps de femme et leur réalité est un comme un tourment
il est difficile de comprendre pourquoi leur corps présente une résistance
de corps, on ne le traverse pas si vous préférez
la fille la plus salope que tu as baisée
difficile à dire, ses yeux, sa démarche, tout le métro se retourne
comme des chiens, les clodos lui disent des trucs obscènes voire
se branlent direct

1 commentaire:

julie a dit…

bonjour julien, retire tes lunettes noir et mets les roses. toi seul a le choix d'en changer.l'univers ne changera pas le décor pour toi. regarde le ciel plutot que tes pieds c'est bien plus fascinant. je t'envoie des papillons, ils ont besoin de lumière pour survivre tache de leur en donner, leur vie est si courte autant qu'elle soit belle.
julie